“Réussir” sa thérapie

thérapie Entreprendre une thérapie n’est pas chose facile… et la difficulté ne s’arrête pas au premier pas. D’après les statistiques, près de la moitié des patients abandonnent précocement après quelques séances, un phénomène appelé « drop-out ». Bien sûr, il y a des cas dans lesquels un abandon s’impose (attitude inacceptable du thérapeute, méthode irrationnelle voire dangereuse…), mais ils restent rares. Or, compte tenu de la lenteur du processus thérapeutique, abandonner après quelques rendez-vous revient à renoncer aux bénéfices des efforts et de l’investissement engagé. Comment surmonter les obstacles et aller jusqu’au bout de ce difficile travail sur soi ?

Savoir être patient

« Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant. » Proverbe chinois

L’attente d’un soulagement est forte lorsque l’on souffre. Après avoir pris la décision de se faire aider, on guette, consciemment ou non, une amélioration rapide. Or, une thérapie demande du temps. Même les thérapies brèves requièrent au minimum 5 à 6 séances étalées sur plusieurs mois, pour commencer à produire des changements. En effet, notre cerveau n’intègre pas les compétences émotionnelles de la même manière que les compétences techniques. Il nous faut donc beaucoup d’entraînement pour acquérir les bons réflexes qui nous permettront d’aller mieux.

Conseil : si vous n’êtes pas prêt à vous engager pour la durée minimale d’accompagnement annoncée par votre thérapeute, mieux vaut attendre d’être suffisamment motivé, plutôt que d’abandonner trop vite et d’en sortir découragé. Si vous avez déjà réalisé deux ou trois séances et que vous vous inquiétez de ne pas voir d’amélioration, rappelez-vous qu’il est trop tôt pour voir un quelconque effet, et donnez-vous une chance d’aller plus loin dans la démarche.

Faire preuve de curiosité, oser la nouveauté

« On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés. »

Albert Einstein

Avec une psychothérapie, vous vous engagez dans un processus de changement qui vous permettra de mieux prendre soin de vous. Cela veut dire que vous allez apprendre de nouvelles manières d’avancer vers vos valeurs. Il est très probable que ces manières vous déroutent ou vous paraissent éloignées de votre tempérament, puisqu’elles ne sont pas dans vos habitudes. C’est un peu comme apprendre à faire du vélo. Jusqu’à ce qu’on y arrive, cela nous met en déséquilibre. L’exercice n’a rien de « naturel » ou confortable ! Au point de se dire, peut-être, que ce n’est pas pour nous, ou que cela nous ne correspond pas. Mais n’est-ce pas justement ce que l’on est venu chercher en thérapie : des solutions inédites ?

Conseil : observez les conséquences de votre mode de fonctionnement actuel sur votre santé et votre bien-être. Listez les solutions que vous avez déjà essayées et évaluez leur efficacité à long terme. Si cela n’a pas marché, n’est-il pas temps d’essayer autre chose ? Rappelez-vous qu’il ne s’agit pas de vous « remodeler », de changer votre nature profonde, mais bien d’ajouter des cordes à votre arc, pour arrêter de subir des réactions qui vous épuisent, voire nuisent à votre entourage. Et voyez si vous pouvez avoir la curiosité d’explorer une autre approche.

Déminer les pièges intérieurs

Si vous avez commencé un travail sur vous, sachez que les difficultés que vous rencontrez dans votre vie risquent de se manifester également dans la thérapie. Voici quelques exemples d’obstacles courants qui peuvent saper votre motivation :

  • Le découragement, voire le désespoir : la souffrance et le stress épuisent notre énergie, nos ressources, et obscurcissent notre jugement. (« Je n’y arrive pas », « Je ne vois pas de solution », « Il n’y a aucune issue », « Je n’ai pas le choix »…)

  • L’auto-dévalorisation : nous sommes parfois nos critiques les plus durs (« Je suis un fardeau, personne ne peut m’aider », « Les autres y arrivent et pas moi, je ne suis bon à rien »…).

  • La honte : certaines personnes acceptent difficilement d’avoir besoin d’une aide extérieure et voient cela comme une faiblesse ou une anomalie (« Je devrais m’en sortir seul », « On va me prendre pour un fou », « C’est ridicule de réagir comme je le fais »…).
  • L’évitement : parfois nous avons si peur de nous ouvrir à nos peines, nos peurs et nos révoltes, que nous freinons devant cette perspective (« Je ne veux pas y penser », « A quoi bon en parler »…)

  • La peur du changement : lorsque la souffrance est devenue notre normalité, il paraît parfois plus facile de s’en accommoder encore un peu plus longtemps que d’essayer de changer. On rationalise, on recule, on procrastine (« Je n’ai pas le temps », « Ce n’est pas le bon moment »…).

Conseil : apprenez à reconnaître, avec votre thérapeute, vos obstacles intérieurs et les conséquences qu’ils ont sur vos choix. Lorsque vous subissez leur influence, agissez-vous de manière constructive, parvenez-vous à améliorer votre situation ? Peut-être pouvez-vous choisir de ne pas laisser ces freins « saboter » vos tentatives de progrès.

Être vrai

Parfois, on n’ose pas aborder certains sujets avec son thérapeute, de crainte de le froisser ou d’être jugé. Votre authenticité et votre participation sont pourtant les piliers de la thérapie. Voici quelques cas dans lesquels vous pourriez être tenté de vous retirer de la démarche au lieu de la faire avancer activement :

  • La méthode ou les outils vous posent problème : voyez ensemble quelles alternatives envisager ou comment surmonter les difficultés. C’est un travail d’équipe, une démarche co-construite : échangez, faîtes des retours, exprimez vos besoins pour que le thérapeute puisse vous aider, ajuster son approche ou vous réorienter le cas échéant. Il y a toujours plus d’une façon d’aborder un problème.
  • La relation avec le thérapeute ne vous convient pas (non respect des horaires, du cadre, impression de ne pas être écouté ou soutenu…) : parlez-en. Saisissez l’occasion de dissiper d’éventuels malentendus et d’encourager des ajustements qui favoriseront une coopération efficace. Un bon thérapeute ne se vexera pas de vos remarques pour peu qu’elles soient formulées de manière courtoise et constructive.
  • Votre budget ne vous permet plus de continuer au même rythme : voyez si les rendez-vous peuvent être plus espacés et vérifiez si votre mutuelle ne rembourse pas quelques séances. En dernier recours, envisagez de vous réorienter vers un Centre médico-psychologique (gratuit), une association avec des psychologues bénévoles ou une bibliothérapie, accompagnée ou non. Il existe différentes solutions et votre thérapeute connaît peut-être des personnes de confiance ou des ouvrages appropriés à vous recommander.

Arrêter dans de bonnes conditions

Si vous envisagez d’arrêter votre thérapie avant d’aller mieux, quelle qu’en soit la raison, évitez de prendre cette décision de manière unilatérale, sans prévenir votre thérapeute qui s’est engagé à vos côtés dans ce travail. Abordez la question en séance dès que vous l’envisagez. Cela vous aidera à explorer les tenants et aboutissants de cette décision. Cela ne changera pas nécessairement votre choix, et vous seul avez le dernier mot, mais vous aurez au moins pu conclure en conscience, et dans le respect de la relation établie. Vous pourrez également être réorienté pour la suite, si besoin.

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